Pendant le visionnement d’une vidéo partagée sur Facebook, dans lequel je me suis surprise pendant un très bref instant à trouver amusant de voir un cheval travailler avec ardeur pendant plus de trois minutes pour obtenir occasionnellement une croquée dans une pomme, je me suis interrogé sérieusement sur cette projection rendue publique via ce média social. Comme quoi une vidéo en apparence humoristique peut dissimuler ou causer un ou plusieurs comportements inappropriés.
Dans un premier temps, cette activité est inappropriée pour le cheval, ou du moins l’activité doit être adaptée en fonction des capacités d’un cheval. De plus, j’ai également soulevée le fait qu’il est anormal chez le cheval de se nourrir ou de prélever les minéraux et végétaux de cette façon.
Le comportement associé à cet exercice est certes interrogateur : d’un côté, on suppose que l’animal effectue un exercice mental et positif, car celui-ci a réussi à obtenir une bouchée de pomme et de l’autre, cette occupation individuelle n’est pas adaptée pour le cheval.
Mais qu’en est-il vraiment de cette occupation individuelle?
Concernant l’exercice présent, c’est peut-être un peu trop dur ou trop long à réussir, mais surtout installé trop haut. Il est très probable que le cheval pourrait se créer une escalade de comportements de frustration, se causer de sérieuses blessures ou pourrait stimuler et développer des comportements indésirables à la longue.
Nous observons ici une courte séance où le sujet a réussi l’exercice, mais nous n’avons pas de données d’observations, à savoir : Combien de temps l’animal tente d’exécuter cet exercice? Mangera-t-il toutes les pommes qui sont attachées à la corde? Si c’est un entraînement? Ou simplement, si c’est juste pour le plaisir de voir un cheval tenter « maladroitement » de manger une pomme? Si le cheval effectue cette activité régulièrement avec ou sans surveillance? Si un changement de comportements en relation avec sa nourriture a été observé?
Notez également que les pommes sont entières. Par conséquent plus difficile à prendre et dangereuse s’il y a ingestion. Ne jamais laisser une telle activité sans surveillance.
Peu importe l’esprit ou l’intention derrière cet exercice, il faut tenir compte des gestes que nous posons souvent inconscients ou irréfléchis. Essayez de garder en tête ceci : Dans quel but je pose ces actions ou gestes?
Il est important de prendre conscience et de bien répondre aux besoins de son cheval. Il faut savoir tout d’abord que le cheval n’utilise pas sa langue pour s’alimenter contrairement aux chats ou chez les bovins.
Le cheval utilise ses lèvres, comme le démontre la vidéo. Très sensibles, mobiles avec de longs poils, les lèvres arrachent l’herbe ou saisissent la nourriture en inspectant les éléments individuellement. De cette manière, le cheval détecte par les différentes textures et odeurs, effectue le tri et écarte les grains ou éléments non désirés pour l’ingestion. Une fois en bouche, la mastication prend beaucoup de temps et de calme pour favoriser l’ingestion afin d’éviter l’obstruction alimentaire. La langue quant à elle permet la circulation des aliments et pour l’abreuvement de l’animal. C’est le mouvement de la langue qui permet la succion de l’eau vers l’œsophage.
Voilà pour la leçon anatomique.
Truc-conseil…
Favoriser les morceaux de pommes au lieu de pommes entières. De plus, pour s’amuser avec son cheval ou le stimuler intellectuellement, il faut bien se documenter pour connaître et comprendre l’impact que l’exercice choisi aura sur le cheval et/ou suivre des ateliers de stimulations mentales ou d’entraînement avec un professionnel. Il est aussi très important de toujours avoir des résultats positifs sur le cheval lors des exercices. Que tous aient du plaisir!
Avant d’opter pour des occupations individuelles, je favoriserais plutôt des sorties plus fréquentes et des interactions avec d’autres congénères. Ce qui lui offre un meilleur divertissement dans le respect de la nature propre du cheval et de leur point de vue. De plus, leur offrir une alimentation variée et répartie tout au long de la journée. Si possible dans diverses stations alimentaires ou à différentes hauteurs adaptées. Ce qui aidera la stimulation mentale et olfactive pour l’équidé.
Mélanie Morissette
Intervenante en comportement animal
Des Griffes et des Sabots
Lien Vidéo : https://www.facebook.com/jessica.busby.14/videos/10153104495766887/?pnref=story
N.B. Vous pouvez retrouver mon article sur ma page Facebook. Article publié le 21 janvier 2016 Cliquer ici !